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Démantèlement de camps de braconniers en cœur de Parc national

Charte
Sur la zone Est de l’Île de La Réunion, 9 camps de braconniers de palmistes sauvages ont été détectés par les agents du Parc national, en partenariat avec l'ONF, au cours des dernières semaines. Les braconniers y installent leurs camps, essentiellement, pour prélever du palmiste rouge, espèce en danger critique d'extinction d'après la liste rouge de l'UICN. Dans le cadre d'une opération conjointe avec l'ONF, 7 camps sur 9 ont été démantelés et les déchets sur place ont été hélitreuillés le 22 septembre 2023.
Camp de braconnier 2023
Camp de braconnier 2023 ©Parc national de la Réunion - Auteur: L. Aubry
Hélicoptère
Hélicoptère ©Parc national de la Réunion - Auteur: M. Dijoux
Les équipes collaborent
Les équipes collaborent ©Parc national de la Réunion - Auteur : M. Dijoux
Contenu de big bag
Contenu de big bag©Parc national de la Réunion - Auteur : L. Prieure

Un constat alarmant

Sur la zone Est de l’Île de La Réunion, 9 camps de braconniers ont été détectés par les agents du Parc national, en partenariat avec l’ONF, au cours des dernières semaines. Les braconniers y installent leurs camps, essentiellement, pour prélever du palmiste rouge, espèce en danger critique d'extinction d'après la liste rouge de l'UICN (Consulter ici).

Le braconnage est considéré comme la première menace de disparition de ces palmistes. Un chou palmiste est, en effet, vendu au marché noir entre 15 et 25 € le kilo, ce qui en fait une cible privilégiée de ces prélèvements. Le braconnage a un coût environnemental fort car la pression sur certaines espèces peut mener à leur disparition.

En outre, Le braconnage s’accompagne souvent de l’installation de camps en milieu naturel, au plus près des zones préservées où le palmiste est encore présent. On y constate l’accumulation de déchets en forêt (dont plastiques et métaux), des sources de pollution et de prolifération des rats, espèces invasives animales dont l’impact sur la flore et l’avifaune est avéré.

L’opération de démantèlement

Les agents du Parc national de La Réunion se sont rendus sur 7 des 9 camps répertoriés, souvent placés dans des endroits isolés difficiles d’accès et nécessitant plusieurs heures de marche d’approche, en forêt de Bébour et dans les Hauts de Cambourg.

Étant donné la forte accumulation de déchets abandonnés sur les camps par les braconniers (5 m³ de déchets environ), ceux-ci ont été placés dans des « Big bags » et évacués par hélitreuillage.

L’opération d’évacuation a mobilisé un hélicoptère qui a circulé sur les différents sites et un camion-benne qui a transporté les déchets à la déchetterie de la Plaine-des-Palmistes en vue de leur tri et de leur traitement.

Les deux camps qui n’ont pas encore été approchés feront l’objet d’une opération de démantèlement ultérieure.

Déchets en forêt
Déchets en forêt ©Parc national de la Réunion - Auteur : L. Aubry
Progression en forêt
Progression en forêt ©Parc national de La Réunion - Auteur : L. Aubry
Ouverture de big bag ©Parc national de La Réunion - Auteur : M. Dijoux
Ouverture de big bag ©Parc national de La Réunion - Auteur : M. Dijoux

Impact du braconnage sur la biodiversité

Sur la flore

  • Réduction du nombre de palmistes, orchidées, fanjans
  • Piétinement, coupe d’espèces endémiques et indigènes et, dissémination d’espèces exotiques envahissantes.

Sur la faune

  • Prolifération des rats, prédateurs des oiseaux forestiers.
  • En général, les braconniers passent près de 2 à 3 jours en forêt. Seuls ou en groupe, ils repartent avec plus d’une quarantaine de palmistes, des tangues parfois juvéniles, ou encore plusieurs kilos de poissons et de crustacés lorsque la zone s’y prête.

Sur la qualité de l'eau

  • Les piles utilisées par les braconniers, les viscères de tangues jetés, les plastiques, les déchets alimentaires contribuent à la pollution de l’eau des rivières.
  • Certains braconniers utilisent des insecticides ou de l’eau de javel pour récupérer un grand nombre de poissons. Ces techniques illégales polluent massivement les cours d’eau et sont nocives pour la santé des consommateurs de poissons braconnés
Le geste citoyen

Le palmiste rouge est une espèce structurante de la forêt réunionnaise. Les fleurs nourrissent et abritent beaucoup d’araignées, d’oiseaux et de lézards endémiques et certains ne vivent que sur le palmiste rouge. En le braconnant, c’est tout un écosystème, un paysage, qui s'éteint. Très apprécié dans la cuisine locale, sa disparition est très rapide.

Des solutions existent : des agriculteurs se sont impliqués dans une production raisonnée et éthique du palmiste rouge pour préserver cette espèce. C’est ainsi que le consommateur peut s’assurer de l’origine du produit. Acheter auprès de ces fournisseurs permet de sauvegarder l’espèce en milieu naturel et favorise l’économie locale.